Le décret n° 2019-291 du 10 avril 2019 relatif à la commémoration annuelle du génocide arménien de 1915 consacre la date du « 24 avril » comme la date commémorative annuelle du génocide des Arméniens. En France, comme chaque année depuis plus de cinquante ans, les français de culture arménienne commémorent le génocide de 1915 perpétré dans l’Empire ottoman et ordonné par le gouvernement des « Jeunes-Turcs ».
Aujourd’hui encore, la Turquie refuse de reconnaître sa responsabilité dans ce crime contre l’humanité, comme le président turc R.T. Erdogan qui poursuit le négationnisme d’Etat.
La France est directement concernée par le génocide des Arméniens : de 1916 à 1922, la France a eu un territoire sous son mandat. Par application des accords Sykes-Picot de 1916, la France reçoit la tutelle sur la Cilicie et la Syrie à l’issue de la défaite de l’Empire ottoman. En 1916, la France désigne un Haut Commissaire en Arménie (et en Syrie), M. François Georges-Picot pour administrer une partie de l’Anatolie orientale (Cilicie) sur laquelle s’est déroulé une partie du génocide.
La France a reconstituée sur ce territoire sous mandat une Légion arménienne sous le drapeau français qui a combattu avec la France. La Légion arménienne avait été envisagée le 16 mai 1916 dans les accords Sykes-Picot et mis en oeuvre le 27 octobre 1916 lors de l’accord franco-arménien signé par Boghos Nubar (représentant du futur Etat arménien) et initié par le président du Conseil Aristide Briand et François Georges-Picot.
En 1922, la France a abandonné les Arméniens qui s’étaient pourtant réfugiés sous sa protection. Le désintérêt français pour le sort des Arméniens dans cette région permet d’ultimes développement du génocide, dont la France est pourtant particulièrement informée depuis la déclaration alliée du 24 mai 1915. La France renonce à ses responsabilités de puissance victorieuse face à un événement génocidaire. La Cilicie, seul lieu où les rescapés arméniens pouvaient espérer un répit, voire un avenir, disparaît de leurs attentes. Le départ des forces françaises s’achève dans les premiers jours de l’année 1922. Dans les semaines qui suivent, les Arméniens subissent à nouveau de nombreuses violences dont témoigne Vahan Portoukalian, le chef des services de l’Assistance française chargée de l’organisation de leur évacuation. Le médecin, qui a été aussi officier sur le front de Champagne, est d’origine arménienne, né à Marseille en 1887, fils de Meguerditch Portoukalian, l’un des plus farouches opposants d’Abdulhamid, fondateur du journal Armenia.
En savoir plus :
- Livre : « La France face au génocide des Arméniens » de Vincent DUCLERT. Mars 2015 Ed. Fayard – 424p.
- Livre : « L’accord d’Angora de 1921 : théâtre des relations franco-kémalistes et du destin de la Cilicie » de Aurore BRUNA. Décembre 2018 Ed du Cerf – 360p.
- Sur le génocide des Arméniens et Assyro-Chaldéen : dossier et sources d’informations.