Née en mars 1904 à Tchenguiler sous le nom de Keghetsig Moutafian, renommée Gilber puis Jeannette, elle est l’une des grandes figures d’Alfortville. Rescapée du génocide arménien, elle incarne à la fois les horreurs subies et la force de vie d’une génération marquée par l’exil. Déportée en 1915, recueillie par un chef de gare à Osmanie, orpheline à Adana, mendiante à Konya, domestique à Istanbul, elle arrive en France en 1923 avec sa belle-sœur. D’abord placée comme bonne dans une clinique à Aix-en-Provence, elle est mariée sur photo à un Français qu’elle rejoint à Paris. Devenue mère, puis veuve, elle élève seule sa fille en travaillant à l’usine. Elle entre en résistance durant la Seconde Guerre mondiale, cachant des juifs : « Mon Dieu, ça recommence, il faut aider ces gens ».
Installée à Alfortville en 1946, elle devient entrepreneuse en confection, emploie une quinzaine d’ouvrières, milite au sein des associations arméniennes (CBAF, MCA) et s’engage dans la vie publique. Conseillère municipale pendant plus de 20 ans aux côtés de Joseph Franceschi et René Rouquet, elle reçoit la médaille de la Ville d’Alfortville. Une vie de luttes, de solidarité et de transmission.
Le témoignage a été enregistré par Hasmig Nadirian Kevonian lors de son cours d’éveil à la culture et à l’identité, à la MCA d’Alfortville, le 18 novembre 1992
Télécharger le mp3 directement (27mo)
