…/… Taline Ter Minassian croise à partir d’archives inédites, trois approches rarement conjuguées dans un même ouvrage : l’histoire de l’urbanisation sous tous ses aspects (géographiques,identitaires, symboliques et mémoriels), l’histoire de la nation arménienne, l’histoire de la politique soviétique. Par sa minutie et son ampleur, l’enquête est imposante, qui traite de la formation des connurbations capitales périphériques comme d’un miroir de l’effondrement prochain de l’Empire, en montrant le processus d' »ethnicisation » à l’oeuvre dans le tissu de la ville, puis la procédure de « capitalisation » qui l’incarne peu à peu et la polarisation urbaine qui en résulte finalement, comprimée dans un micro-espace. La relation établie entre les facteurs politiques, l’invention d’une architecture néo-arménienne et la mise en place d’une architecture somptuaire est étonnnante car elle montre comment les structures du pouvoir local, les rouages de la machinerie communiste et le fonctionnement des institutions ont tous contribué, à leur niveau et en leur temps, à nourrir le mouvement de contestation des années 1980-90 et à mener celui-ci jusqu’au point non négociable de l’affirmation nationale…/ … Erevan est donc le réceptacle privilégié de l’histoire soviétique dans son ensemble. Dans sa topographie se lisent les choix politiques essentiels de l’Union, tels que sa fascination récurrente pour les grands plans d’urbanisme, dans les années 1930; sa propension permanente à l’historicisme architectural, source d’emblêmes aisément récupérables ou convertibles; son organisation en énormes combinats économiques fédérant autour d’eux toute une micro-société détentrice de privilèges et fondatrice de hiérarchies, lesquels sont les éléments cles de la stratification – on allait dire de la glaciation – sociale à l’époque de Staline…/ …l’explosion d’un « village » brutalement devenu une cité industrielle, bousculée par les conglomérats et dévorée par l’habitat de masse;, l’essor final d’une cité-Etat qui porte sur son territoire la mémoire d’un génocide et ne cesse de la commémorer, dans une geste d’unité, qui prend inévitablement valeur d’attribut de la nation…. (Extraits de la préface de Jean-Yves Andrieux, Professeur d’histoire de l’architecture)

Informations sur le livre :

Année 2007
Nombre de pages 269
Editeur PRESSES UNIVERSITAIRES DE RENNES
Ville éditeur Rennes
Type de colume 1
Numéro ISBN 978-2-7535-0369-4
Mots-clés
Langues
  • Français