Ci-dessous un extrait de l’interview de Ohan Hékimian publiée dans les « Nouvelles d’Arménie Magazine » en septembre 2015.
La naissance du mensuel « Arménia »
Ohan Hékimian : « avec un petit groupe d’amis, nous désirions lancer un journal d’information libre. Nous avons pensé que le format du mensuel était l’idéal pour les lecteurs Français d’origine arménienne. Nous avons alors lancé ce journal en lui donnant pour titre « Arménia » afin de rappeler le célèbre journal arménien « Arménia » de Meguerditch Portugalian qui parut à Marseille au 19ème siècle et fut célèbre dans toute la diaspora. (…) Edité en près d’une trentaine de pages, en 300 exemplaires et distribué dans la région marseillaise par les rédacteurs, le mensuel prit très vite de l’importance et un succès fulgurant. Au bout de trois ou quatre numéros, nous avions des dizaines de demandes d’abonnement de Marseille mais également au-delà de la région marseillaise. De nombreux spécialistes collaboraient au journal, apportant chacun dans leur domaine leur compétence par des articles pointus et bien documentés. Parmi ces grands noms, je peux citer Claude Mutafian, Gérard Dédéyan, Yves Ternon, Anahit Ter Minassian ou Michel Jobert, l’ex-ministre français des Affaires étrangères et grand ami des Arméniens. Ainsi le critique d’art connu Marcel Coste nous a fait une interview du peintre Carzou. On constatait qu’il y avait de la place pour un mensuel au format d’« Arménia » car au bout d’une dizaine de numéros notre journal prenait une dimension internationale avec des abonnés de Moscou, Los Angeles ou Londres…dont la famille Gulbenkian. De la trentaine de pages « Arménia » s’étoffait pour passer à une cinquantaine et abordant tous les sujets de la vie arménienne, de l’Arménie, de la diaspora, de la culture, des arts, de la musique et de l’histoire. « Arménia » était en peu de temps devenu une entreprise viable avec un sommet de 3000 numéros diffusés chaque mois dans les années 1985-86. »
La fin de la publication.
Ohan Hékimian : « c’est une question d’un choix personnel. Tout d’abord assurer la parution mensuelle d’un journal tel qu’ « Arménia » devenait de plus en plus lourd pour moi, malgré le vif succès du journal. Et lorsqu’en décembre 1990 le sénateur-maire de Marseille, Robert Vigouroux m’a chargé d’une mission de développement de la coopération entre Marseille et Erévan, j’ai dû faire un choix et arrêter la parution d’« Arménia ». Je comprends que pour nombre de lecteurs, cette décision fit l’effet d’un choc. Mais mon investissement pour la ville de Marseille et l’Arménie était à ce prix. »