Première Guerre mondiale (1914-1918) : des volontaires arméniens engagés avec les forces françaises

A l’occasion du centenaire de la Grande Guerre (1914-1918), l’association pour la recherche et l’archivage de la mémoire arménienne (ARAM) propose une note d’information succincte sur la participation de volontaires arméniens dans l’Armée française, aux côtés des Alliés. Les Arméniens ont vaillamment combattu et versé leur sang pour la France durant la Première Guerre mondiale dans différentes unités de l’Armée française. Une période propice pour l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne qui va commettre le génocide des Arméniens (1915-1917) avec le massacre de 1.500.000 individus.

Conflit sans précédent dans l’histoire tant par le nombre de ses morts que l’ampleur des destructions matérielles, la Première Guerre mondiale est déclenchée par l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche à Sarajevo le 28 juin 1914. En France, la mobilisation générale est décrétée le 2 août 1914. S’ensuivent quatre années d’une guerre de position, dite « guerre des tranchées », dont le front s’étend en Europe sur près de 700 kilomètres. Conflit d’un genre nouveau puisqu’il marque également les débuts de la guerre aérienne, l’emploi des chars et des gaz, il se solde par 9 millions de morts et des pays dévastés. L’armistice est signé entre les belligérants le 11 novembre 1918 (dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne). Il marque la victoire de la France et de la Triple-Entente et la défaite de l’Allemagne et ses alliés dont l’Autriche-Hongrie et l’Empire ottoman.

A. Gazarian, souvenir de garnison. 25 septembre 1915. Fonds ARAM, collection Saradjian.

La motivation première des milliers de volontaires qui cherchent à s’engager est bien le sentiment de reconnaissance et du devoir moral envers la France. C’est d’ailleurs ce que montre l’appel lancé le 29 juillet 1914 (publié dans Le Matin le 2 août 1914) par un groupe d’intellectuels étrangers mené notamment par des personnalités comme l’écrivain Blaise Cendrars : « Des étrangers amis de la France qui ont pendant leur séjour en France appris à l’aimer et à la chérir comme une seconde patrie, sentent le besoin impérieux de lui offrir leurs bras ».
Cet appel est suivi de nombreux autres provenant de différentes nationalités d’immigrés ou de réfugiés en France : les Grecs, les Polonais, les Syriens, les Arméniens, les Juifs étrangers…

Dès le 5 août 1914, les Arméniens habitant à Marseille décidèrent, à la suite d’une grande réunion, d’adresser un appel chaleureux demandant à tous leurs compatriotes d’épouser sans réticences et sans retard la cause des Alliés.
Cet appel rédigé par Aram Turabian fût publié par un grand nombre de journaux. Dans son livre « Les volontaires arméniens sous les drapeaux français » Aram Turabian publie une liste d’environ 400 Arméniens qui ont contracté un engagement volontaire pour servir dans l’Armée française.

En supplément des unités de volontaires arméniens, il faut évoquer la Légion arménienne, établie en application de l’accord franco-arménien du 27 octobre 1916 et négocié par Boghos Nubar président de la Délégation nationale arménienne. La Légion arménienne était une unité de la Légion étrangère de l’Armée française qui fut mise sur pied pendant la Première Guerre mondiale pour combattre l’Empire ottoman, notamment en Cilicie.
Composé principalement d’Arméniens réfugiés de l’Empire ottoman rejoints par des compatriotes de l’étranger, ce corps a pour objet de soutenir la conquête de la Cilicie par la France qui, d’accord avec la Grande-Bretagne et la Russie, entend y constituer un protectorat à l’issue de la Première Guerre mondiale.

Initialement nommée Légion d’Orient, elle fut rebaptisée Légion arménienne le 1er février 1919. L’étude de la Légion d’Orient permet de mettre en valeur un épisode glorieux que l’ampleur de la catastrophe du génocide des Arméniens a eu tendance, dans l’historiographie comme dans la mémoire, à sous-estimer.

Le cimetière du Père Lachaise à Paris abrite un monument dédié « A la mémoire des Arméniens morts pour la France« , allée du Levant, avenue des combattants étrangers, 88ème division, inaugurée le 15 avril 1978. Il commémore les divisions de volontaires arméniens venus combattre pendant la Grande Guerre ainsi que les résistants de la Seconde Guerre mondiale.

Consulter gratuitement la version numérisée par l’association du livre d’Aram Turabian Les volontaires arméniens sous les drapeaux arméniens. Un ouvrage édité en 1917 à Marseille.

Pour aller plus loin :

Téléchargez la note d’information publiée par l’association (pdf)

La Première Guerre mondiale (1914-1918) par Les Chemins de la mémoire

• Mémoire : la Légion d’Orient par la Légion Etrangère

Les Arméniens au service de la France. Livret édité par l’ANACRA (24 pages – pdf)

• La Légion d’Orient et le mandat français en Cilicie (1916-1921) par imprescriptible.fr

• Engagement militaire et droits politiques des Arméniens : la Légion d’Orient, exemple de négociations entre une nationalité non souveraine et ses Alliés européens par Taline Papazian

• #video « De la Légion d’Orient à la Légion arménienne » (avec Raymond Kévorkian, Gérard Dédéyan, Susan Pattie et Claude Mutafian lors du colloque international « Cent ans après le Front de l’Est – L’Arménie et le Levant entre guerres et paix » organisé par l’ADCARLY.