Les Jeunes-Turcs et la Vérité sur l’Holocauste d’Adana en Asie Mineure en avril 1909

Mi-avril 1909, des massacres éclair en deux phases de trois jours, séparés par une accalmie de dix jours, fauchèrent 30,000 vies arméniennes dans les villes, les villages, la plaine et la montagne de Cilicie, plongeant dans la misère cette province prospère de l’Empire Ottoman dont ils accélérèrent la décomposition. Rétablie huit mois plus tôt, en juillet 1908, sous la pression des Jeunes-Turcs du Comité Union et Progrès, émules du positivisme français, la Constitution dans laquelle toutes les nationalités de l’Empire plaçaient leurs espoirs d’un avenir meilleur après trente ans de despotisme, était souillée de sang.
Comme une mutinerie des soldats du 1er corps d’armée avait éclaté au même moment à Istanbul, appuyée par les religieux qui exigeaient le départ des Jeunes-Turcs discrédités et le rétablissement de la loi musulmane, les massacres de Cilicie furent dès le départ attribués, eux aussi, uniquement à une flambée de fanatisme religieux.
Mais il apparut très vite, grâce aux commissions d’enquête, aux témoignages des consuls, des missionnaires, des journalistes européens que ces massacres avaient été bel et bien ourdis et encouragés par les responsables gouvernementaux et les structures du mouvement Jeune-Turc de Cilicie avec l’approbation de la Direction de la Capitale. De nombreux témoignages décrivirent les amas de cadavres charriés par les fleuves de Cilicie jusqu’à la Méditerranée, dont les flots emportèrent un certain nombre jusqu’au rivage chypriote.
Restés impunis, ces massacres préfiguraient le génocide des Arméniens par le gouvernement des mêmes Jeunes-Turcs d’Union et Progrès à la faveur de la Première guerre mondiale et, toutes les autres exterminations de races du XXème siècle.